Le bonheur ne peut-il être que le fruit de nos efforts individualistes ?
Il faut bien l’admettre, le temps où l’individu avait une vie sociale plus simple, saine, authentique et intégrée au sein d’une communauté est révolu.
Nos nouveaux modes de vie, couplés aux nombreux mouvements de population, convergent vers plus d’isolement et d’individualité. Les nouvelles technologies n’arrangent rien…
Ce terreau s’est révélé du pain béni pour la psychologie positive qui a réduit la notion de bonheur à portion congrue.
Elle a fini par enfermer la notion de bonheur principalement à l’individu. Le rendant seul responsable de son bonheur.
Elle a inculqué que pour atteindre le bonheur, chacun devait avant tout travailler sur lui-même, faire du développement personnel à tout va, pour mieux se connaître et mieux se « corriger ». Que le bonheur ne tenait qu’à soi.
C’est devenu une injonction sociétale : il FAUT être heureux bêtement et à tout prix chacun dans son coin. Au point d’être une quête angoissante !
Céder à la frénésie de lectures traitant de la question, aller voir des coachs, et écouter des gourous du bonheur, est-il le seul moyen d’échapper au malheur ?
Mais qu’en est-il de l’action collective face au monde et à ses dérives ?
Le bonheur ne reposerait-il plus sur une tentative de changer ensemble le monde ? Mais sur une quête permanente de se changer soi ?
Va-t-on tous devenir des îlots tout sourire sans cohésion, tels des lentilles flottant à la dérive dans une soupe indigeste ?
C’est la crainte de la sociologue Eva Illouz et du psychologue Edgar Cabanas dans leur ouvrage Happycratie.
Ils indiquent qu’il a fallu à peine plus d’une décennie pour nous convaincre que la valeur centrale de notre vie se résumait à « ce sentiment teinté d’individualisme et de consumérisme vorace » : Le bonheur.
Selon eux, cette approche du bonheur nous maintiendrait en réalité dans une forme de servitude apaisante et volontaire, renonçant à remettre en cause le capitalisme et à lutter contre ses méfaits… Pour mieux nous consoler de notre impuissance et tout accepter.
« Un cocon de plénitude dans un monde mauvais, ou la dissolution de la lutte dans la perspective du bonheur individuel. »
Or, malgré cette tyrannie du bonheur individualiste, force est de constater que des voix s’élèvent pour changer concrètement des choses à leur échelle et transformer le monde.
Combien de reconversions professionnelles en maraîchage biologique ? Combien de projets écologiques et locaux pour repenser l’industrie de demain ?
Hopaal, Respire, Friendly frenchy, Le jouet Français…
Bien d’autres projets positifs sont relatés dans le livre « Un million de révolutions tranquilles ».
Et si justement, parmi de nombreux accros au bonheur, étaient ces gens qui refusent de renoncer, ne ferment pas les yeux et se mettent à penser, créer, inventer de nouvelles façons de faire et cultivent l’optimisme avant tout ?
Ces gens positifs qui cherchent à donner un sens à leur vie, tout en essayant de redonner du sens à cette société qui en est dépourvue ?
A l’image de Joanna Quelen.
Quand Joanna Quelen a proposé son sujet de TEDx sur le bonheur, les organisateurs lui ont demandé « Pourquoi ce choix » ?
Après quelques instants de réflexion, elle a spontanément répondu : « Parce que la Mort ! »
Ainsi, dans cette présentation intimiste, Joanna nous parle de son parcours vers le bonheur, de sa prise de conscience existentielle.
Un cheminement qui l’a amenée à œuvrer pour le bonheur des autres.